TOOTARD

« Lorsque nous avons commencé à Majdal Shams, on jouait des reprises de reggae » rappel Nakhleh. « Ma famille est composée de musiciens. J’ai appris les classiques, puis les classiques de l’ouest et j’en ai découvert encore plus jusque Bob Marley. Avec le reggae nous avons creusé notre sillon puis nous avons commencé à expérimenter. »

À partir de 2010, TootArd a joué partout dans le Golan, puis a voyagé plus loin, à Jérusalem, en Palestine et au-delà. « Nous avons beaucoup joué. Mais à partir de 2014 nous sentions que nous tournions en boucle et on voulait changer des choses dans nos vies. Nous avons donc arrêté. Je me suis déplacé en Europe, d’abord à Berlin puis à Berne. Les autres ont aussi voyagé ailleurs. »

Deux ans ont passé et après quelques occasions manquées, le moment était venu de reprendre les rênes ! « Avec mon frère Rami qui joue de la batterie dans le groupe nous avons préparé les choses. Nous avions de nouveaux morceaux que nous pensions être différents, qui racontaient quelque chose d’unique. Tout le monde s’est réuni et nous avons enregistré l’album en quatre mois. Nous avons plus d’expérience maintenant, la musique est plus spontanée. Nous estimons que nous avons avancé. »

Laissez Passer est le son d’un groupe qui a trouvé sa voix. L’album se clôture sur « Syrian Blues », un regard sur les hauteurs du Golan et l’histoire d’un autre pays : « C’est un morceau calme pour finir. Notre région faisait partie de la Syrie. Historiquement nous sommes syriens, mais je n’y suis jamais allé. J’ai voulu donner à la musique une qualité émotionnelle et une tristesse dans les harmonies. J’ai utilisé la gamme de Rast, la plus utilisée dans la musique arabe, en pensant que cela évoquerait la Syrie. » Le résultat est un blues arabe, une musique reposante mais triste de personnes qui ont une maison, mais pas de nationalité…

Le groupe a façonné son identité dans sa musique et a créé un pont allant du Levant au Touareg – un autre peuple sans vraie maison – et s’étend largement au-delà.