KEREN ANN

À propos
L’on pourrait croire que Paris Amour est une bande originale de 4ilm. Un 4ilm fait de sensations et de sentiments, d’ambiances solaires ou orageuses et où se croisent, s’entrecroisent, s’aiment, bien sûr, et s’ignorent parfois, toute une galerie de personnages au détour d’une phrase, d’une formule : amis, amours, enfants et même un chat qui ronronne. Et des histoires, d’ici ou d’ailleurs, des histoires d’amoureuse de paroles et de musiques. Mais pas seulement. Plus qu’une biographie, voire autobiographie, c’est un manifeste de vies et d’envies, de sons et de rencontres. Certes, 25 ans après son tout premier album en solo et en écrivant ce nouveau chapitre, Keren Ann n’avance pas masquée : le ton, parfois cru, toujours précis et cette voix, aussi sincère qu’expressive sont des marques de fabrique. Made in le monde entier pourrait-on ajouter ; la globe-trotter, guitare à l’épaule, a vu du pays. Pour toujours revenir à Paris. Très justement d’ailleurs. Ce dixième album studio, Paris Amour, raconte en 4il rouge un Paris passé, un Paris composé, un Paris futur. Dès les deux premières chansons, la Parisienne dans l’âme et dans le son, joue du groove comme de la mélodie, dans les murs ou loin du Périph’, dans un panoramique où l’élan vital se ressent à chaque minute. Ainsi, la Montmartroise met habilement en perspective sa propre vie avec sa ville dès l’entame de l’album avec « La Sublime Solitude », où les hauteurs apparaı̂t au détour d’un vers, « ni la vue imprenable ni le parfum sauvage De la haute altitude ». Dans ce titre revenant sur sa vie de musicienne, Keren Ann raconte le recul apporté par des années à caresser « l’ivoire et l’ébène d’un piano de salon » et « des cordes usagées de bronze et de nylon » sur un tempo nonchalant à la rythmique complexe, densi4iée par une ligne de basse en brasse coulée. De même, la ville revient en second en clin d’oeil, servant de refrain à la deuxième chanson, qui a donné son titre à l’album, « Paris Amour ». Et malgré réserves et désillusions, ce titre reste une déclaration d’amour où les mesures accélèrent, cadencent en oscillations élégantes, parfois avec désinvolture, mais jamais retenus. Ou encore ce surprenant « Les Désirs fatigués des navires d’argent », manière d’hymne à la paresse où les paroles assassines de cette amoureuse 4lemmarde se transforment en mélodies délicates et ou les violons nous transportent dans un Paris idéalisé en noir et blanc, ciel bas et gris avec un panoramique sur les toits… de Paris forcément ?Panoramique, oui. Et l’analogie à l’image et au cinéma n’est pas forcée, tout est imaginé, recréé, tourné et retourné, avec force couleurs, en 3D parfois, mais toujours en 4K. Et en quittant Paris pour mieux se retrouver ailleurs, peu importe où l’on est et ce que l’on fait. Ainsi de « Comme si la mer se divisait », un voyage immobile en forme de balade mid-tempo au propos teintés d’une touche de nostalgie mais au texte évocateur d’une histoire familiale lointaine. Le mouvement revient comme un balancier avec l’exaltant « La Musique à fond », à l’irrésistible tempo et au refrain redoutable, déclaration de 4in de nuit, où le jour transparaı̂t en4in après la levée du brouillard, les yeux et les oreilles grandes ouvertes et où l’on se dit que tout est possible, dont celle de trouver un couplet ou un refrain, de PARIS AMOUR Réminiscences sixties et surtout seventies d’une pop luxuriante mêlée aux sons électro ou acoustiques, la production de ce nouvel opus montre une recherche esthétique poussée, originale, où rien n’est trop fort pour que la musique sonne, et surtout, musicienne exigeante, la songwritrice a su s’entourer d’une pléiade de musiciens de très haut niveau, captés par ces virtuoses du son que sont Thibault Javoy et Julien Delfaud. Orchestrale ou minimaliste, l’instrumentation prouve s’il est encore nécessaire, que la compositrice, auteure, musicienne, réalisatrice et chanteuse passionnée, maı̂trise l’art d’articuler ses intrications de mots-sons sur des compositions-paroles pour ne faire qu’un, en particulier par l’habilité à tourner un texte dif4icile sur l’adultère contrastant avec un arrangement complexe, lumineux et hybride sur « L’Expérience étrange de l’inégal », et où s’enchaine, lié par un quatuor à cordes recomposé, l’élégiaque et languissant « Les Remparts de Saint Malo ». Pas d’effets forcés, que ce soit sur la voix de la chanteuse ou sur la charge orchestrale du titre, le tout est dit simplement. Keren Ann ne cherche pas à faire compliqué. Sa poésie, ici en vers, ailleurs en forme d’haikus, avec toujours ce souci de l’expression juste qui porte et qui sonne, fait partie intégrante de la composition. On y note aussi de l’optimisme dans le mélancolique « Que la vie est belle », dont le texte joue en opposition avec un rythme up-tempo et sa matière sonore novatrice, bâti autour d’un riff au clavier souligné par une basse funky. Un rappel à l’existence, à la vraie vie, quelle qu’elle soit, mais sans fatalité. Ou presque. A Paris ou ailleurs. L’ailleurs justement, revient dans le dernier titre de cet ouvrage, le poignant « L’Eacho des tirs », la voix fragile, tenue, qui s’enchevêtre dans la trompette d’Avishai Cohen sur fond d’electro complexe au groove imparable. En 3 minutes et 42 secondes, Keren Ann clôt avec cette émouvante allégorie un album hors du temps, comme la ville qu’elle habite et qui l’abrite.
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Bring Back Music
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